« L’Ami des Lettres » et la « Galerie du Fleuve » : autour du Bordeaux culturel voici un demi-siècle (partie 2)

mars/avril 2016 Fig. 7 - Alice Héliodeore-Gallienne à l'Ami des Lettres (au second plan, Floréal Otéro). Une autre grande figure du tout-Bordeaux de l'époque était la romancière et poétesse bordelaise d'origine antillaise, créole, Alice Héliodore-Gallienne (fig. 7), membre de l'Académie Montesquieu, dont j'ai fait la connaissance juste quatre ans avant sa disparition, au moment de la publication de son recueil poétique le plus connu, Hommages (fig. 8), un recueil de poèmes dont chacun était dédié à l'un des habitués des galeries de peinture bordelaises, et qui lui avait temporairement apporté une certaine aisance ; une personne impressionnante par sa carrure et sa haute taille (elle devait mesurer entre 1,75 et 1,80 m). Selon ses propres termes, elle avait " grillé " trois fortunes au cours de sa vie, époques fastes ayant alterné avec des périodes de réelle misère. Peu après notre première rencontre (fig. 9), elle ne pût à nouveau ... Lire plus

« L’Ami des Lettres » et la « Galerie du Fleuve » : autour du Bordeaux culturel voici un demi-siècle (partie 1)

janvier/février 2016 Dans les années 1961-1968, le signataire de ces lignes était étudiant à l'université de Bordeaux, partageant ses enseignements entre la nouvelle faculté des sciences de Talence (prenant alors les jours correspondants un autocar surchargé à l'angle de la place Pey-Berland et du cours d'Alsace-Lorraine), et l'ancien immeuble universitaire du cours Pasteur, devenu depuis lors le musée d'Aquitaine, bâtiment alors partagé entre les deux facultés des lettres et des sciences. La séparation entre ces deux établissements était alors virtuellement assurée, dans le hall, par le gisant de Michel Eyquem, ancien maire de Bordeaux, seigneur de Montaigne, provenant de l'ancienne chapelle des Feuillants détruite dans les années 1900, et actuellement entreposé dans l'une des salles du Musée depuis la réaffectation de l'immeuble. Dans la mesure où le suivi de mes cours en laissait le temps, je suivais avec assiduité les manifestations culturelles organisées dans les différents domaines à Bordeaux. Pour ... Lire plus

Nommer et nombrer

novembre/décembre 2014Nommer et nombrer ont en commun bien plus que leur presque homophonie. À défaut d'être jumeaux ou même frères, ces deux verbes d'action structurent le monde, notre monde. Nommer vient du latin nominare, construit sur le substantif nomen, nominis : nom, et est apparenté au grec numein, construit sur le substantif numos, de même sens que le latin. Y étant aussi upsilon (u) numos sert de radical à tous nos composés savants en - nyme : toponyme, anthroponyme, gamonyme - nom marital ou de mariage - etc. La monnaie, anagramme auditif de nommer est proche du nom. Monnaie vient du latin moneta, l'un des attributs de Junon, puisque, selon la tradition romaine, c'est au temple de Juno Moneta, que les Romains frappèrent leurs premières monnaies. Moneta a pour radical le verbe moneo, monere : avertir. En grec, monnaie se dit nomisma (d'où, avec une alternance vocalique de o à ... Lire plus

Vieux intérieurs libournais dans les années 1950

septembre/octobre 2015 La portion de la rue Waldeck-Rousseau à Libourne où j'ai passé toute mon enfance avait la particularité d'être alors habitée en majeure partie par de vieilles dames issues de familles fort aisées qui vivaient là confortablement mais sans ostentation. Aujourd'hui, avec le recul qu'impose le temps, quand je pense à elles, je suis frappé de la similitude de leurs habitations qui étaient toutes agencées, meublées et décorées de manière similaire comme si elles avaient été régies par un code secret interdisant toute originalité et toute nouveauté, les seules concessions faites au progrès étant l'installation de l'eau courante et de l'éclairage électrique. Dans le vestibule de chaque maison se trouvait invariablement posé sur une sellette un aspidistra placé dans un cache-pot de faïence décoré de fleurs multicolores. A la suite des salons se trouvaient les salles à manger, toutes meublées d'une table, de nombreuses chaises, d'armoires et, aussi, de ... Lire plus

Histoire de l’électromagnétisme et son apport à l’astronomie

mai/juin 2015Au cours du temps, la connaissance de l'électromagnétisme a amélioré notre perception de l'Univers par l'analyse et l'observation des astres. Le site mégalithique de Stonehenge a permis aux anciennes civilisations de repérer en visuel les levers et les couchers du Soleil et de la Lune afin de prévoir les éclipses. Six mille ans plus tard, les antennes du radiotélescope du Plateau de Bure permettent de détecter des molécules complexes à base de HCN (hydrogène, carbone, azote) dans les nuages interstellaires des galaxies. Dans la Grèce antique, à l'époque d'Homère, on trouve des dieux du ciel et de la terre, du tonnerre, des océans et des enfers, du feu, du temps, de l'amour et de la guerre. Chaque arbre avait sa dryade et chaque prairie sa nymphe. Le premier homme de sciences ionien fut Thalès, né à Milet une ville d'Asie Mineure. Thalès essaya de comprendre le monde sans invoquer ... Lire plus

Deux métiers d’art pour le buste de Linné (1707-1778)

mars/avril 2015Pourquoi ce buste et sa génèse : 2007 a été l'année de commémoration de la naissance de Linné, botaniste suédois, qui inventa la dénomination binominale des êtres vivants (plantes et animaux). Le tricentenaire de cette naissance a été célébré d'une façon remarquable à Bordeaux. Créée en 1818, en hommage au travail de Linné, la Société linnéenne de Bordeaux (SLB) est la plus ancienne en France et la seconde mondialement, Londres ayant créé la sienne en 1788 après le décès du savant en 1778, alors que la Révolution française grondait à Paris. Des établissements publics, sur l'initiative de la SLB, ont organisé des expositions et des conférences comme le Muséum, la Bibliothèque municipale et notre voisine l'Académie nationale des sciences, belles-lettres et arts de Bordeaux. À Bordeaux, existait une rue dédiée à Buffon dont c'était également le tricentenaire mais rien pour Linné, que les botanistes bordelais de l'époque admiraient, au ... Lire plus

Les tiques : des petits parasites…

janvier/février 2015Par Bruno CAHUZAC & Patrick DAUPHIN ; paru dans Le Mois Scientifique d’Aquitaine, janvier-février 2015, n° 355-356, p. 1-2. Les tiques sont des Acariens de taille millimétrique, parfois fréquents en Aquitaine dans les sous-bois, prairies, fougeraies… Ils sont parasites et vecteurs de parasites, et peuvent inoculer de dangereux agents pathogènes, responsables de plus d’une vingtaine de maladies. C’est la « maladie de Lyme » qui est surtout connue pour contaminer l’Homme, causant des problèmes articulaires, cardiaques et neurologiques souvent graves. Une présentation de ces petits animaux est faite dans l’article ci-joint, avec rappel de leur cycle de vie et de leurs caractères biologiques. Télécharger et/ou imprimer le document

Jours de marché à Libourne

septembre/octobre 2014À Libourne, jusqu'en 1960, le mardi et le vendredi, jours de marché, la place Abel-Surchamp et la rue Thiers étaient occupées par les paysannes venues vendre les produits de leurs jardins ; elles savaient s'exprimer en français mais préféraient parler entre elles en gascon ce qui étonnait fort les étrangers de passage, persuadés que cet idiome était tombé aux oubliettes depuis longtemps. Ces étrangers étaient encore plus déconcertés par les incorrections de langage, propres aux Girondins que commettaient les Libournais, incorrections qui rendaient parfois le dialogue difficile. Par exemple, si l'un d'entre eux avait demandé un pain au chocolat à un boulanger il n'aurait pas été compris car, en Gironde, cette viennoiserie porte le nom de chocolatine ; à son tour, l'étranger n'aurait pas compris si le commerçant lui avait demandé "Voulez-vous une poche pour la plier ?", ce qu'on peut traduire en bon français par "Voulez-vous un sachet ... Lire plus

Du rôle social de la nourriture en Périgord, jadis et maintenant

mai/juin 2014Le Périgord n'a pas toujours été le pays de cocagne alimentaire que ce seul nom évoque aujourd'hui. Il y a un siècle, un siècle et demi au maximum, pour beaucoup de Périgourdins la seule chose à partager était plutôt la pénurie. Région totalement enclavée, à l'exception de quelques grandes propriétés du Périgord Vert ou Blanc et maintenant des grands vignobles du Bergeracois, c'était plutôt, et c'est encore, un pays de polyculture sur de petites exploitations données en métayage beaucoup plus qu'en fermage. Aujourd'hui, la plupart des agriculteurs sont propriétaires. La nourriture monnaie d'échange Jadis, aux limites des propriétés se trouvaient les bordiers qui vivaient dans des bordes, petites maisons d'une ou deux pièces allouées par un propriétaire à un brassier, c'est à dire à celui qui ne possédait que ses bras, et à sa famille. En fait c'était des ouvriers agricoles que l'on employait lors de travaux saisonniers et ... Lire plus